Grâce au cours hebdomadaire The show must go home, j’ai pris conscience que le spectacle vivant est un domaine dans lequel le spectateur est souvent impliqué de manières multiples.
Il devient tantôt acteur sur « scène » (The artist is present, Marina Abramovic / This is progress, Tino Sehgal / By heart, Tiago Rodriguez), tantôt interlocuteur (Outrage au public, Handke). On sollicite autant son imagination (Jerk, Gisèle Vienne), que sa mémoire (Cour d’honneur, Jérôme Bêl).
Le spectateur est donc primordial. Il est le pilier de nombreuses créations.
IMPLIQUER
LE SPECTATEUR
AU CINEMA
Etude d’extraits filmiques sur l’expression « briser le 4ème mur ».

Ayant effectué ce constat, je n’ai pas pu m’empêcher de comparer au cinéma.
Dans ce domaine, le rôle du spectateur est presque toujours attitré à celui de regardant, d’observateur.
On vient lui montrer, lui présenter une histoire sans l’inclure complètement, sans assumer sa présence… A quelques exceptions près.

Je me suis donc intéressée à l’expression briser le 4ème mur.
Utilisée au cinéma comme au théâtre, cette expression désigne le moment où l’acteur va briser le mur fictif entre représentation et spectateurs en s’adressant directement à lui. Au théâtre ce mur est signifié par la zone entre la scène et les spectateurs. Au cinéma, cette limite est représentée
par l’écran.
Lorsque l’on utilise l’expression « briser le 4ème mur » au cinéma, on fait souvent référence au procédé du regard caméra. C’est à dire au moment où un acteur s’adresse directement à la caméra, donnant l’illusion qu’il regarde le spectateur dans les yeux.

J’ai tenté de dénicher des extraits de films (ou films entiers) où les réalisateurs brisent le 4ème mur autrement.
Les extraits
- Fleabag, série de Phoebe Waller-Bridge, 2016 (ici, saison 2 épisode 4)
- Le redoutable, film de Michel Hazanavicius, 2017
- Le scaphandre et le papillon, film de Julian Schnabel d’après l’oeuvre originale de Jean-Dominique Bauby, 2007
- The truman show, film de Peter Weir, 1998
Rubber, film de Quentin Dupieux, 2010
Pendant toute la série, nous suivons le quotidien d’une femme : « Fleabag » (que nous voyons sur cet extrait). Elle s’adresse en permanence au spectateur grâce au regard caméra. Ce jeu d’acteur se fait souvent par des regards lancés au spectateur, qui, connaissant le personnage au fur et à mesure, comprend ce qu’ils signifient. Ce procédé créé une complicité entre l’acteur et le spectateur.

Cet extrait est intéressant puisqu’en général, lorsqu’un des personnage utilise le regard caméra aucun autre des personnages ne semble le remarquer. C’est plutôt une apparté, un « tête à tête » entre le personnage et le spectateur.
J’ai choisi ce moment car comme à l’habitude, Fleabag s’adresse au spectateur. Cependant cette fois-ci, sa nouvelle rencontre, s’en aperçoit.